L’amour sans émotion… et sans
fantasmes
Partie 11 : Sortir du connu
Puis-je
concilier un amour particulier avec une vraie
spiritualité ? Si
j’aime « particulièrement » une personne, je
crée une séparation entre elle et les autres.
Je divise. Et c’est le contraire de l'unité que
je recherche dans la spiritualité. Le mot «
Religion » ne signifie-t-il pas « réunir » ?

Alors
quand je parle de sexualité sacrée, ne suis-je
pas en train de me leurrer, de m’abuser
moi-même, entendant par là arriver à l'unité
avec une personne particulière ?
Dans ce
monde physique, il semble impossible de
concilier la dualité masculin-féminin. Mais par
l'esprit, peut-être. Si
je suis capable de vivre cette relation
particulière sans que ma personnalité y soit
identifiée, sans que j’y sois
attaché, ni « imprégné » d'elle jusqu’à la
moelle, alors je peux
l’approcher à partir d’un espace de paix
intérieure, sans avidité et aimer véritablement.
Juste avec un petit désir, sans attente de
résultat. Cela semble si loin de la passion que
l’on associe au sexe et de l’erreur que j’ai
faite dans cette dernière relation. Mais, comme
le disait JFK, « Il n’y a erreur que lorsqu’elle
n’est pas reconnue ».
Puis-je
aimer l'autre comme un(e) partenaire, mais qu’il
(elle) soit plus important que n'importe qui? Si
être le compagnon à ses côtés m'est aussi égal
qu’être le compagnon d'une autre femme et qu’en
même temps je la choisi, elle, parce que
physiquement, je ne peux pas aimer 3 ou 4
milliards de déesses, alors peut-être que je me
présente devant le féminin sacré d’un pas assez
léger pour conjuguer souplesse et vivacité,
respect et spontanéité.
Cela
demande un détachement
qui est tout sauf de l’indifférence.
Voilà ce qui mesure le défi que j’ai à relever
pour ne pas me leurrer lorsque nous parlons
ensemble de sexualité sacrée. C’est pour cela
que des moments de méditation impliquant
l'équanimité, comme la méditation Vipassana sont
utiles.
C'est
par l'observation de moi-même quand je fais
l'amour, de mes pensées, mouvements et paroles
avec ma bien-aimée, que j’ai réussi à atteindre
le plus intensément un état de conscience à la
fois totalement présent et détaché de ce qui se
passe.
J’ai mis
beaucoup de temps à me rends compte que
mon plus grand défi
n'est pas d'être dans mon cœur et d’agir à
partir de cet espace, mais de comprendre le
processus du fonctionnement du mental qui masque
mon cœur et de ne pas m’y opposer.
Par cette observation sans but, je touche
parfois aux frontières du connu… là où le
souffle du cœur peut se faire sentir.
C'est seulement lorsqu'il y a eu fusion entre le
penseur et la pensée, entre l'observateur de
l’acte, incluant paroles et pensées, que le
miracle de la sexualité sacrée s’est produit.
Heureusement pour moi qui suis seul en ce
moment, cette observation pratique de soi peut
se faire à chaque instant de la journée, sans
pour autant faire l'amour !C’est
un entrainement à
quitter le connu et la routine pour devenir plus
sensitif, spontané. Un mental qui
fonctionne dans le sillon d’une habitude
sexuelle, est rigide et borné. L’inconnu ne peut
surgir. Le sexe n’est que tension et décharge.
L’extase que nous
recherchons à travers une sexualité divine
appartient à l'inconnu. Et le connu ne peut
jamais mener à l'inconnu.
Comme
toute pensée procède de la mémoire qui est du
connu, ça n’est pas gagné ! Essayez d'avoir une
pensée sans utiliser la mémoire ! Les mots mêmes
appartiennent à cette mémoire, chargés en plus
de toute la signification que nous leur donnons.
Faire
l'amour en suivant les conseils de quelqu'un ne
peut mener à l'unité. C’est encore suivre le
connu. Le chemin ne peut être qu'individuel.
Ainsi,
ces brefs partages sont une invitation à
désapprendre ce que nous savons plutôt qu'à
proposer des solutions qui appartiendront encore
au connu. À chacun d'expérimenter puis, en toute
fraternité et sororité, de partager cette
expérience.
La suite... Histoire, que
nous caches-tu?
« L'amour n'est pas
dépendance ou idolâtrie. Ce n'est pas une
réaction sentimentale ni un besoin physique ou
autre besoin. Un amour vrai ne commence pas avec
une émotion. Cela commence avec un état de
conscience, une conscience claire, une
compréhension profonde de soi même et de
l'autre. » Le chemin Mystique |